Le laboratoire national de référence prêt à détecter l'O104:H4

7 juin 2011 - Anne-Katell Mousset

Alors que l’aliment incriminé dans la crise sanitaire allemande est toujours recherché, l’E. coli à l’origine de 23 morts est de mieux en mieux connue. Le laboratoire national de référence de Lyon a reçu les protocoles de détection PCR et le profil génétique de la bactérie. Crédit : fotolia.com

 

À peine les concombres ibériques blanchis, les autorités allemandes avaient hier matin trouvé un nouveau coupable idéal dans la crise à E. coli O104:H4 qui sévit outre-Rhin : des pousses de haricots mungo bio issues d’une exploitation du nord du pays. Mais selon les premières analyses réalisées, les graines germées seraient elles aussi innocentées. Résultat : une bactérie qui fait de plus en plus de victimes (23 morts à ce jour et plus de 2100 malades, principalement dans la région de Hambourg) sans savoir quel aliment en est la cause. Et une confusion dans la gestion de crise qui jette la suspicion sur tous les végétaux et provoque une chute brutale des ventes de fruits et légumes en Europe.

Une communication confuse

En Allemagne, les autorités du land de Basse-Saxe appliquent le principe de précaution. Elles recommandent toujours aux habitants de la région de Hambourg de ne plus consommer de salades, de concombres, de tomates… et depuis peu, de graines germées. Mais face à cette communication de crise hésitante des différentes autorités sanitaires locale, régionale et fédérale, c’est l’ensemble des consommateurs européens qui semble avoir pris de grippe les végétaux. Preuve parmi d’autres : hier après-midi, la fédération des maraîchers nantais a annoncé la destruction de 10 tonnes de concombres invendus. Depuis le début de cette crise, la production nationale accuse des pertes de 80%.

Le LNR en capacité d’analyser la souche

Pourtant, si l’aliment en cause continue d'être recherché, la bactérie responsable de cette crise est maintenant très bien connue. Au laboratoire national de référence E. coli de Lyon (VetAgro Sup, campus vétérinaire), les chercheurs sont à présent capables de la détecter. « Nous avons reçu il y a quelques jours les protocoles PCR, et lundi matin [NDLR : le 6 juin 2011] l’ADN de la bactérie. Ce profil génétique va nous permettre de comparer d’éventuels souches d'E. coli O104 : H4 retrouvées en France au sérotype allemand et de rechercher sa présence dans les aliments », explique Delphine Thévenot, responsable du LNR.

Cette E. coli n’est d’ailleurs pas totalement nouvelle puisqu’elle a déjà été détecté en 2004 sur un patiente coréenne atteinte de SHU (syndrome hémolytique et urémique). En revanche, cette nouvelle souche diffère et présente quelques particularités « notamment un facteur de virulence Stx2. Elle ne possède par contre pas de facteur d’attachements aux cellules intestinales. Pourtant, elle s’y accroche quand même », décrit Delphine Thévenot.

Une bactérie déjà connue

D’autres E. coli O104 on déjà été rencontrées dans des toxi-infections alimentaires collectives auparavant. Aux États-Unis, des cas de SHU causés par des E. coli O104:H21 ont été signalés et dans d’autres pays des O104:H2, H7 et H21 ont été mises en cause. Des cas sporadiques qui font que cette Stec (E. coli productrice de shigatoxines) est moins souvent pointée du doigt que d’autres comme O157:H7 par exemple. « D’ailleurs, c’est un sérotype qui n’est pas dans la liste des Escherichia coli productrices de shigatoxines établies par l’Anses », note Delphine Thévenot. Une liste qui comprend pour le moment 5 sérotypes : O157:H7, O26:H11, O145:H28, O103:H2 et O111:H8. Quant au profil des personnes atteintes, majoritairement des femmes, il peut s’expliquer, selon Delphine Thévenot, par les modes de consommation, « les femmes étant plus touchées car elles consomment davantage de légumes crus ».

Process Alimentaire - Formules d'abonnement

AU CŒUR DE L’ INDUSTRIE AGROALIMENTAIRE

● Une veille complète de l’actualité du secteur agroalimentaire
● Des enquêtes et dossiers sur des thèmes stratégiques
● Des solutions techniques pour votre usine

Profitez d'une offre découverte 3 mois