Vie des IAA
Origine du lait : la défense de Lactalis face à l'ire du monde agricole
La décision du Conseil d’État d’annuler le décret sur l’origine du lait fait couler beaucoup d’encre. « Un retour en arrière inacceptable ! », s’insurge la Fédération nationale des syndicats d'exploitants agricoles (FNSEA) aux côtés de la Fédération Nationale des Producteurs de lait, et de Jeunes Agriculteurs, avant de poursuivre : « Nous regrettons profondément cette décision et dénonçons l’attitude irresponsable d’un acteur économique qui va à l’encontre de la reconnaissance du travail des éleveurs laitiers français. En donnant raison à Lactalis, le Conseil d’État empêche les consommateurs de connaître la provenance de leur alimentation, et de choisir librement les produits qu’ils consomment ».
Le groupe Lactalis, à l’origine de ce retrait, répond aux accusations en pointant « de nombreuses incompréhensions ». « La France produit 26 milliards de litres de lait dont 8 partent aujourd’hui à l’exportation. Depuis la mise en place de ce décret dans certains pays voisins, Lactalis a vu ses exportations, donc celles de ses producteurs, divisées par presque 3 », se défend le géant laitier. Lactalis rappelle également que « la quasi-totalité des produits de Lactalis à marque française vendus aux consommateurs en France est fabriquée avec du lait 100 % français ». Le groupe s’engage aussi à faire figurer la mention « Origine France » sur les produits issus de la filière française.
De son côté, la FNSEA a appelé le Conseil d’État à tout mettre en œuvre pour remettre en place la nécessaire obligation d’étiquetage de l’origine du lait, et à maintenir les dispositions du décret concernant les viandes en tant qu’ingrédients. Rappelons que le décret a été annulé pour la partie lait faute de preuves entre certaines propriétés de la denrée et son origine ou sa provenance. Le Cnaol, qui représente les 51 Appellations d'Origine Protégée laitières, rappelle à son tour « qu'un des fondamentaux des AOP est de donner une information claire aux consommateurs sur l'origine et le mode de production, et d'apporter des garanties organoleptiques du produit, fortement liée au terroir dont il est issu ».
La FNSEA a également insisté sur la nécessité « d’afficher un cap à la hauteur de l’enjeu pour les travaux du Conseil National de la Consommation sur l’étiquetage de l’origine des denrées transformées avec un dispositif simple et apportant toute la transparence nécessaire ».