Emballage
Etiquetage nutritionnel : qui le lit et comment ?
Seuls 16,8 % des Européens disent lire l’étiquetage nutritionnel des produits indiqués sur les emballages. On peut considérer que c’est peu ! Surtout au regard des efforts réalisés par les Pouvoirs Publics et les industriels et/ou distributeurs pour réaliser des tableaux nutritionnels lisibles. A la veille de la mise en place du règlement INCO n°1169-2011 imposant 12 mentions obligatoires d’étiquetage nutritionnel (et 12 facultatives), deux chercheuses ont donc souhaité comprendre comment les consommateurs utilisaient l’étiquetage nutritionnel. De façon à dresser d’éventuels profils types de lecteurs d’étiquettes.
Lydiane Nabec, maître de conférences en Sciences de Gestion à l’Université Paris-Sud et Isabelle Chalamon de l’INSEEC Lyon ont, pour cela, réalisé 30 entretiens semi-directifs individuels sur des consommateurs aux profils sociaux-professionnels variés. Elles ont rendu compte de leurs résultats lors d’une journée organisée par GS1 à Paris sur le thème de l’étiquette le 29 août dernier.
Il en ressort quatre profils de consommateurs face à l’étiquetage nutritionnel.
LES PROFILS QUI LISENT LES TABLEAUX NUTRITIONNELS
1) Les Optimisateurs
Adeptes du naturel, ils poursuivent un objectif santé lorsqu’ils achètent leurs produits. Ce sont donc de fervents lecteurs des tableaux nutritionnels. « Ils sont dans une logique qualitative de la consommation », explique Lydiane Nabec. Ils lisent les listes d’ingrédients et sont sensibles aux labels.
Les sportifs rentrent aussi dans cette catégorie : ils regardent la composition en nutriments (protéines, sucres) et les « labels énergétiques » (riche en protéines, etc.). « Pour eux, l’alimentation est du carburant », commente Lydiane Nabec.
2) Les Régulateurs
Ceux-ci consultent également les listes d’ingrédients et l’étiquetage nutritionnel car ils traquent l’interdit. Ils comprennent deux profils : les "préventifs du risque santé" et "les soucieux de leur ligne". Les premiers recherchent les listes d’allergènes ou de produits dangereux pour leur santé (acides gras saturés, sel, sucre, etc.). Les autres inspectent les calories, les quantités de glucides et de lipides, les promesses minceur (0% de matières grasses, etc.).
LES PROFILS QUI NE LISENT PAS OU PEU LES TABLEAUX NUTRITIONNELS
3) Les Insouciants
Les gourmets sont de ceux-ci : ils regardent la liste des ingrédients dans un objectif qualitatif et pas quantitatif. Ce qui leur importe est la qualité des produits, les labels, l’origine, etc. Ils veulent avant tout se faire plaisir. « Si je mange du chocolat, autant qu’il soit bon, avec du vrai sucre et pas autre chose », peuvent dire certains.
Les gourmands, eux, lisent également certaines informations mais dans un objectif quantitatif : taille de la portion, visuel du produit, poids net, recette gourmande, etc.
4) Les Non-Impliqués
Certains ne lisent pratiquement aucune information car ils ne se préoccupent, par exemple, que du prix. C’est le cas des « mangeurs discount » comme les qualifie Lydiane Nabec. « Ils sont en quête d’un bon rapport quantité/prix », explique-t-elle.
Les deux chercheuses ont aussi identifié dans cette catégorie les « Mangeurs pratique ». Ils cherchent à manger vite et bien et à acheter des produits pratiques et faciles à utiliser n’importe où. La liste des ingrédients et la qualité nutritionnelle leur importe peu.
Prochaine étape : quantifier ce que représente dans la population française chacune des catégories. Lorsque l'étude en sera à cette phase quantitative, un constat émergera sûrement de façon évidente : celui que le consommateur n'est pas "homogène" et qu'il n'en est pas à une contradiction comportementale près. Chacun de nous, en fonction du moment de sa vie, de ses humeurs ou de ses objectifs à courts termes, est certainement un mélange de ces quatre profils (d'un jour à l'autre ou dans une même journée). A vouloir, par exemple, se faire plaisir avec un bon chocolat à midi, tout en mangeant des céréales allégées au petit déjeuner ...