Ania : les 5 arguments clefs contre le « scoring nutritionnel »
Le débat sur l’apposition éventuelle d’un système de représentation graphique du profil nutritionnel des produits alimentaires est ouvert, dans la perspective de la future Loi de Santé. Dans un communiqué, l’Ania manifeste son opposition à tout dispositif d’étiquetage nutritionnel « simpliste » reposant sur un code couleurs. Une proposition de « scoring nutritionnel », qui avait émise par le Pr Hercberg, patron du PNNS, dans un rapport remis fin 2013 à la ministre de la santé Marisol Touraine.
L’Ania pointe cinq raisons qui invitent le gouvernement à ne pas adopter ce dispositif.
- Il s’agit au préalable de considérer que la disposition du règlement européen Inco imposant un tableau nutritionnel harmonisé à l’échelle européenne n’est entrée en application qu’en décembre 2014. Il est encore trop tôt pour en faire le bilan.
- Sur le plan scientifique, l’Ania note que les systèmes de notation nutritionnelle ignorent les déterminants fondamentaux d’une alimentation équilibrée tels que la prise en compte de la taille de portion consommée, le moment de consommation et la fréquence et surtout les associations d’aliments au cours d’un repas.
- L’Ania pointe de surcroît l’absence recul sur l’impact d’un tel dispositif. « Les effets positifs escomptés sont très incertains. Ils n’ont fait l’objet d’aucune étude d’impact approfondie à ce jour ». En revanche, l’association porte-parole de l’industrie alimentataire se fait l’écho des acteurs de terrain, qui mettent en garde contre les effets contre-productifs qu’une méthode basée sur la prescription peut avoir.
- L'association rappelle le rôle primordial de l’éducation afin de faire changer durablement les comportements. Elle souligne que s’adresser à des populations plus exposées aux risques de surpoids et d’obésité, notamment les populations les plus défavorisées, nécessite un renforcement des programmes de proximité. « Une information nutritionnelle utile et juste doit prendre en compte les questions que les consommateurs pourraient se poser au moment de s’alimenter. En aucun cas, les consommateurs ne demandent à ce qu’on leur impose ce qu’ils doivent manger ou non », explique Jean-Philippe Girard, président de l’Ania.
- Enfin, l’Ania démontre à quel point une telle mesure de scoring nutritionnel viendrait s’opposer au modèle alimentaire français basé sur le plaisir, la diversité et la qualité des produits, ainsi que sur les traditions culinaires et le repas structuré. Cette diversité « est notre force , en France reconnue à l’étranger à l’étranger, et nous devons tous ensemble promouvoir et défendre ce modèle », rappelle le président de l’Ania, qui évoque l’effet désastreux à l’export que provoquerait l’apposition de pastilles couleur.