Recycler au niveau des ateliers les eaux issues des procédés de transformation. C’est l’une des pistes explorées par le projet Minimeau (2018-2021) qui associe des partenaires académiques (AgroParisTech, Inrae, Irstea), l’éditeur de logiciels ProSim, plusieurs centres techniques (CTCPA, Institut des corps gras, Actalia, Union nationale des groupements de distillateurs d’alcool, Institut français de la vigne et du vin) et un centre de transfert (Critt Paca). L'enjeu est d'élaborer des outils qui permettront de revoir la conception des réseaux d’eau dans les usines dans une perspective de réduction de la consommation. Une équipe de scientifiques étudie en particulier des schémas de recyclage intégrant des procédés membranaires tels que la nanofiltration ou l’osmose inverse. L’outil de simulation de procédés ProsimPlus a permis de valider des procédures et des dimensionnements de modules applicables en atelier industriel.
Une valorisation des perméats de nanofiltration
La première application étudiée est un procédé de production de légumes racines surgelés (carottes). Il comprend plusieurs étapes : lavage, pelage puis rinçage, découpe, blanchiment et surgélation. L’eau est utilisée à toutes les étapes de la production et principalement pour le lavage du produit brut et le rinçage du produit pelé. L’eau de rinçage de la carotte après pelage, de couleur orange, a fait l’objet d’une analyse détaillée pour mesurer des paramètres tels que les matières en suspension (MES), la demande chimique en oxygène (DCO), le carbone organique total (COT) mais aussi la composition en ions minéraux et en solutés (comme les pesticides). Les résultats montrent qu’elle est non seulement chargée en matières organiques et en ions minéraux mais aussi de composition variable dans le temps. Un pré-traitement par tamisage et microfiltration a permis d’atteindre des abattements minimaux en DCO et MES respectivement de 28 % et 93 %. Puis cette eau a été testée sur une unité pilote de nanofiltration. Les membranes de seuil compris entre 150 et 300 Da permettraient d’atteindre les meilleurs taux de rétention en DCO et en sucres. Les perméats présentent néanmoins une teneur en matière organique significativement supérieure à celle de l’eau potable, ce qui interdit leur réutilisation à l’étape du blanchiment. Ils sont en revanche utilisables aux étapes amont de lavage, pelage ou découpe.