François Hollande envoie des signaux positifs à l’industrie alimentaire
C’est sans Coop de France (lire ici) que finalement l’Ania a rencontré mardi dernier le Président de la République en présence de Stéphane Le Foll, désormais seul aux commandes du Ministère de l’agriculture, de l’agroalimentaire et de la forêt, depuis le remaniement et l’éviction de Guillaume Garot.
Les échanges ont été qualifiés de « très constructifs » par l’Ania, qui se félicite de la volonté « très fermement exprimée » par le Président de la République d’activer les leviers pour permettre au secteur agroalimentaire de participer à la reprise économique. « Les annonces faites sont de nature, après une année 2013 très difficile, à créer le climat favorable et stable dont nos entreprises ont besoin pour travailler à la croissance et à l’emploi dans la filière », se satisfait Jean-Philippe Girard, patron de l’Ania et également p-dg d’Eurogerm.
Le Président de la République s’est engagé sur deux points : sur sa volonté d’agir pour apaiser les relations commerciales et sur son opposition à de nouvelles taxes comportementales. Le premier point ne signifie pas qu’un nouvel aménagement législatif est à prévoir, au contraire. Il s’agit avant tout de faire respecter la Loi de Consommation, en soutenant ce que l’Ania nomme la « négociation responsable ». Quant au second point, il signe probablement la mise au placard des deux derniers rapports, l’un d'une mission d'information du Sénat, l’autre du Pr Hercberg, visant à mettre en place une fiscalité bâtie sur le profil nutritionnel des aliments.
Au cours de l’entretien, l’association représentant l’industrie alimentaire a réaffirmé sa volonté de s’inscrire dans le pacte de responsabilité et de solidarité, annoncé début janvier et détaillé par le Premier ministre le 9 avril dernier. « Nous sommes prêts à des engagements forts, notamment sur l’emploi, mais à condition de retrouver la confiance en l’avenir et de ne plus être menacés par de nouvelles taxes et réglementations qui pénalisent la croissance des entreprises et nos exportations », a déclaré Jean-Philippe Girard en marge de la rencontre.
A ce propos, l’international a constitué un troisième point de discussion, avec un focus particulier sur les accords commerciaux en cours de discussion, notamment entre l’Europe et les Etats-Unis, le fameux Traité de libre-échange transatlantique (Tafta). Les observateurs craignent en effet que des exigences sanitaires européennes soient remises afin d’ouvrir les frontières de l’Union européenne aux produits alimentaires américains (par exemple, produits carnés) contre la possibilité d’exporter plus amplement Outre Atlantique des produits européens high-tech (aéronautique, nucléaire, etc.). Lors de la rencontre, le Président de la République a, selon l’Ania, garanti que la filière agroalimentaire ne serait pas la variable d’ajustement d’un accord.
Enfin, le secteur agroalimentaire regrettait l’absence de Ministère ou de Secrétariat d’Etat dédié à l’agroalimentaire. Ce n’est certainement pas un hasard, Corinne Orzechowski, directrice du cabinet de Guillaume Garot, lorsqu’il était ministre délégué à l’agroalimentaire, a été nommée déléguée aux industries agroalimentaires.