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Le Covid-19 va continuer de perturber le marché des matières premières
Selon un rapport de la FAO (Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture), le Covid-19 continuera de chahuter le marché des matières premières agricoles en 2021. Les experts prévoient un impact de la pandémie plus fort pour la viande, le poisson et les huiles. Les céréales, le sucre et le lait devraient moins le ressentir.
En ce qui concerne la viande, les experts prévoient une baisse de 1,7 % de la production mondiale, principalement dues aux maladies, aux sécheresses et aux perturbations amenées par le Covid-19. Le commerce international de viande devrait enregistrer une croissance modérée - mais une croissance nettement plus lente qu'en 2019 - en grande partie soutenue par les fortes importations en provenance de Chine.
Le Covid-19 aura aussi un impact durable sur le marché du poisson. La FAO s’attend à ce que la pandémie affaiblisse la production de crevettes et de saumon. La saison de la pêche crevettière en Asie, qui débute normalement en avril, a été étendue jusqu'en juin/juillet. En Inde, par exemple, une baisse de 30-40 % est attendue dans la production de l'élevage de crevettes. De plus, la demande mondiale de crevettes fraîches et surgelées enregistre une forte baisse tandis que, pour la demande de saumon, une baisse d'au moins 15 % est prévue en 2020. En particulier, les ventes au détail de saumon frais et de truite ont fortement chuté et ne se redresseront pas avant un certain temps.
Les derniers résultats 2019/20 pour les huiles végétales laissent entrevoir une baisse de production, en parallèle d’une diminution de la demande à cause de la pandémie. Les estimations 2020/21 de la FAO suggèrent que l'offre pourrait rester trop faible par rapport à la demande.
Certains marchés plus résilients que d’autres
Pour les céréales, la FAO estime que la production mondiale de céréales en 2020 pourrait dépasser de 2,6 % le niveau record de l'année dernière. Le commerce mondial de céréales en 2020/21 devrait atteindre les 433 millions de tonnes, soit une augmentation de 2,2 % (9,4 millions de tonnes) par rapport à 2019/20, enregistrant ainsi une nouvelle hausse record, stimulée par une croissance attendue dans le commerce des principales céréales.
Les prévisions de l’organisation indiquent que la production mondiale de sucre en 2019-2020 devrait baisser pour la deuxième année consécutive et descendre en dessous du niveau de la consommation mondiale qui avait été prévu. Par contre, il n’est pas évident que cela remonte les cours internationaux du sucre, qui ont chuté depuis le milieu de 2017, et sont en dessous des coûts de production pour la plupart des producteurs mondiaux.
La production mondiale de lait s'avère résiliente, et pourrait même connaître une hausse de 0,8 % en 2020. Cependant, les prévisions indiquent que les exportations mondiales des produits laitiers devraient subir une contraction de 4 %, et la demande d'importations connaître des difficultés.
Une situation moins grave qu’en 2007-2008
Même si la situation n’est pas optimale en alimentaire, l’impact de la pandémie est pourtant moins marqué que sur d’autres marchés. « S'il est vrai que le Covid-19 représente une menace réelle pour la sécurité alimentaire, globalement, notre analyse montre que, d'un point de vue mondial, les marchés des produits de l'agriculture se montrent plus résilients que d'autres secteurs face à la pandémie », estime Boubaker Ben-Belhassen, directeur de la division du commerce et des marchés de la FAO.
Le rapport des experts souligne aussi que la situation est moins grave qu’en 2007-2008, lors de la précédente crise mondiale : « les perspectives de production sont positives, les stocks sont fournis, les cours internationaux sont faibles et le commerce est davantage mondialisé et compte davantage de pays importateurs et exportateurs. De plus, les décideurs politiques ont plus d'expérience dans la gestion des crises mondiales, et ils sont également mieux informés et mieux préparés ».